PRÉFACE

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          Au début de mes transcriptions d'interview, pour la première fois depuis que je suis à l'ENSA Bourges, j'ai eu la sensation de faire quelque chose qui avait un sens. Pour la première fois depuis un moment, au réveil, je n'ai pas senti cette sensation d'impuissance et d'inutilité qui vous tient au lit et vous donne envie de continuer à dormir.

         Je savais que je m'attaquais à un sujet délicat, et surtout ressassé sans cesse, connu de tous et développé partout : livres, BD, blogs, reportages, films, réunions, plannings, plénières. Bref. Un sujet qui semble épuisé, mais au risque d'enfoncer des portes ouvertes, je voulais non pas vous noyer sous les nombreux témoignages auxquels on a tous accès, mais des témoignages* de personnes que vous côtoyez tous les jours. Parce qu'au final, ce sont des violences beaucoup plus présentes que ce qu'on croit.

          Évidemment je n'ai pas recueilli tous les témoignages des membres de l'ENSA Bourges ayant été victimes de violences sexuelles. D'une part, parce que c'est un sujet sensible, que tous/tes ne sont pas prêts/tes à se livrer, ou pas maintenant, ou pas à moi. Mais surtout parce qu'il n'est pas question d'être un voyeur de l'intimité et/ou de la douleur.

          C'était aussi et surtout l'occasion de donner la parole à des personnes qui ne l'auraient peut-être pas prise. Leur dire qu'ils/elles peuvent le faire. Qu'il ne faut pas avoir peur. Et surtout qu'il ne faut pas avoir honte. La honte doit changer de camp !

 

 

« Ca ne va pas vite »

« Ca avance ? »

« Hamm : Tu ne crois que ca a assez duré ?

Clov : Si… Quoi ?

Hamm : Ce… Cette chose ».

 

Fin de Partie, Samuel Beckett

 

 

 

*Les témoignages sont soit des interviews retranscrites, soit des récits écrits. Tous sont totalement anonymes.